Nouvelles de nos abeilles et de leur environnement (27/03/2021)

Lutte contre le frelon asiatique: une coordination à grande échelle est nécessaire !

Nous en sommes bien conscients, nous les apiculteurs: le frelon asiatique est une menace grave pour les abeilles mellifères. On commence petit à petit à s’en rendre compte: le frelon asiatique est également une menace grave pour l’environnement; c’est en effet également un véritable prédateur pour les insectes sauvages, qui représentent les 2/3 de son bol alimentaire en zones agricoles et naturelles.

Nous pouvons bien sûr tenter de protéger nos ruches en les « masquant » et en piégeant aux alentours (et c’est même vivement recommandé – voir notre page Protéger nos ruches contre le frelon asiatique). Mais ces techniques sont malheureusement très insuffisantes !

Et aucune technique ne permet de protéger les insectes sauvages, non plus que les colonies d’abeilles mellifères dites férales ou sauvages, alors qu’elles sont essentielles pour la préservation de la biodiversité et pour l’avenir  !

Pour lutter contre cet envahisseur, une lutte coordonnée à l’échelle d’un territoire est donc absolument nécessaire: elle ne peut être organisée que par les pouvoirs publics.

En Wallonie, la destruction des nids de frelons asiatiques était jusqu’ici confiée au seul CRA-W, le Centre Wallon de Recherches Agronomiques qui le faisait gratuitement. Mais leur progression inéluctable ne permettra sans doute plus au CRA-W de le faire (longtemps ?). Il faudra donc faire appel à des professionnels spécialisés – il est vraiment déconseillé à un apiculteur non formé ni équipé spécialement de s’attaquer à de gros nids de frelons asiatiques!

Se pose dès lors avec plus d’acuité le problème de la détection des nids de frelons, ainsi que celui de leur destruction et de son coût. Si c’est le propriétaire du terrain qui doit supporter ce coût, au moins en grande partie, il est bien certain que tous les nids jugés non-dérangeants par le propriétaire ne seront ni renseignés ni détruits.

Dans l’article Lutte contre le frelon asiatique: une coordination à grande échelle est nécessaire ! , nous vous présentons quelques éléments de solution déjà mis en oeuvre par des collectivités publiques en France qui a, par la force des choses, une longueur d’avance sur nous.

Le plan de lutte coordonnée est basé sur 3 piliers:

    • Sensibiliser les citoyens et acteurs locaux
    • Coordonner le piégeage de printemps sur le territoire
    • Encourager et réduire le coût de la destruction des nids

Une des méthodes retenues est la création d’une plateforme Internet dont les objectifs sont de localiser et traiter les nids; elle est accessible d’une part aux particuliers, professionnels, associations, collectivités, et leur permet de signaler la présence d’un nid de frelons asiatiques; et d’autre part, elle est accessible aux désinsectiseurs professionnels agréés et met en relation les uns et les autres.

Pour que cela bouge en Wallonie, et qu’une lutte organisée se mette en place, nous vous demandons de contacter vos mandataires publics aux niveaux communal et régional, ainsi que les fonctionnaires en charge de la protection de l’environnement, afin de les sensibiliser à l’urgence.

N’hésitez pas à leur écrire, à leur envoyer des e-mails en vous référant à cet article (https://www.srawe.be/?p=8575) et à leur demander ce qu’ils comptent faire pour tenter de limiter les dégâts.

Nous comptons sur vous !

Note d’Oncle Max – 27/03/2021

Entre lundi et mercredi nous aurons une fenêtre de 3 jours de beau temps pour intervenir brièvement sur nos ruches avant un nouveau refroidissement des températures. Ces premiers travaux printaniers peuvent se faire sur des colonies populeuses, mais je m’abstiendrais actuellement de faire trop de manipulations sur les colonies peu populeuses sur lesquelles une intervention peut se faire plus tard. Ceci dit, il ne faudra pas perdre de temps à chaque ouverture de ruche afin de ne pas trop perturber la colonie.

Juste remplacer un ou deux vieux cadres de rive non occupés par des cadres de cire gaufrée à placer en bord de couvain. Veiller aussi à ce que le couvain soit au centre de la ruche, car il arrive que la colonie développe du couvain d’un côté de la ruche. Il arrive aussi que des cadres de nourriture en bordure du couvain empêchent le couvain de s’étendre de part et d’autre : dans ce cas il faut mettre ces cadres de nourriture en rive et les remplacer soit par un cadre de cire gaufrée soit par un cadre bâti avec du pollen (en bordure de couvain). Si nous avions une période prolongée de beau temps, je dirais de remplacer 3 ou 4 vieux cadres, mais avec un temps frais et peu de rentrées de nectar, les abeilles ne vont pas être encouragées à bâtir très vite. Rappel : les abeilles consomment 1 kg de miel/nectar pour produire 100gr de cire. NB: on peut toujours attendre une ou deux semaines pour les colonies moins développées. Un coup d’oeil rapide n’est pas inutile pour programmer la prochaine visite ou pour intervenir rapidement en cas de nécessité.

Ce qui est déjà utile à réaliser pour ceux qui hivernent avec une hausse, c’est de faire descendre les abeilles dans le corps, placer la grille à reine et remettre la hausse après avoir griffé les alvéoles operculées contenant encore du miel de l’année passée. Le plus simple c’est d’avoir à côté une hausse vide, de retirer un à un les cadres après les avoir brossé, griffer les alvéoles là où c’est nécessaire et placer le cadre dans cette hausse vide. Une fois tous les cadres retirés, enlever la hausse, placer la grille à reine et remettre la nouvelle hausse avec les cadres. NB: toujours garder le même emplacement des cadres d’une hausse à l’autre ou , éventuellement, placer les cadres avec les alvéoles operculées et griffées au centre (sauf s’il y a quelques cadres avec un peu de couvain).

Quant aux floraisons, j’ai observé que plus de 60% des fleurs de saule marsault avaient été endommagées par le coup de gel et les giboulées de grêles. Les fleurs de pruneliers ont aussi encaissé le coup. Le vent frais ralenti la sortie des autres floraisons et nous ne devons pas nous attendre à une explosion de floraisons dans la quinzaine à venir.

A propos Michel Fraiteur

Apiculteur amateur depuis 1977. Président de la SRAWE
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