Un allié oublié de nos abeilles ?
Nous avons eu la surprise de voir (sur Youtube ***) un scorpion s’attaquer à un varroa ! Vous pensez que nous avons rêvé ? Nous l’avons vu vider le varroa de son contenu en le suçant par une patte ! … Non… nous n’avons pas abusé d’hydromel…
Il s’agit du Chelifer Cancroïdes, un arthropode d’un demi-centimètre de long de la famille des araignées qui ressemble effectivement à un scorpion car il a deux longs bras comme eux (mais pas de queue avec un dard ! et tout à fait inoffensif pour l’homme…et pour l’abeille).
Ce qui est surprenant est qu’il aurait jadis cohabité avec les abeilles dans la plupart des ruches européennes. Cohabité en leur rendant de grands services car au cours de ses quatre années de vie il se délecte des vers de fausse teigne et autres parasites de la ruche. Ce qui est magique est qu’il ne demande pas mieux que de faire de même avec les varroas, il les adore !
Il possède une douzaine de poils au bout des « ciseaux » qui ornent ses deux pinces principales lui permettant de localiser les varroas, même dans l’obscurité de la ruche. Une fois immobilisé le varroa à l’aide d’une pince, il lui instille un venin paralysant et commence à sucer sa proie au cours d’un repas qui lui prendra vingt minutes. Ce n’est que justice lorsqu’on pense que le varroa a tout autant pris le temps de pomper l’hémolymphe des nymphes…nous a chuchoté une avette..
Le Dr Max Beier * s’insurgeait en 1951 contre le manque de reconnaissance vis à vis de cet hôte bienveillant des ruche; il décrivait cet arthropode aspirant le ver de la fausse teigne jusquà ce qu’il n’en reste plus que la peau. Il avait également observé que le Chelifer ne s’attaquait pas au couvain et qu’il n’appréciait absolument pas le côté collant du miel ! L’on pourrait se demander s’il ne pourrait pas communiquer avec les abeilles car Beier a observé que lors des essaimages il avait l’habitude de s’accrocher à l’une ou l’autre abeille pour être du vogage. Il avait ainsi observé sa présence aussi bien en Angleterre qu’en Russie et soulignait son utilité même pour nos vieux livres qu’il protégeait des vers. (d’ou son nom « scorpion des livres » en allemand « Bücherskorpion »).
D’après Torben Schiffer** il aurait abandonné nos ruches pour plusieurs raisons. Il ne parviendrait pas à trouver à se réfugier dans les modèles récents (il met deux années à devenir adulte, il lui faut différentes mues et passages dans des cocons de soie qui nécessitent cachettes et recoins où cacher ses cocons). Et d’un autre côté, certains produits utilisés dans la lutte contre la varroase lui seraient fatals,en quelques secondes, comme l’acide formique ou le Perizin (Bayer) par exemple. Il semblerait par contre tolérer l’acide oxalique.
En Afrique du Sud (1999 Marc Hale) et actuellement en Allemagne et en Suisse, des essais de réintroduction ont permis d’observer une disparition de l’impact de la varroase sans aucun produit chimique.
Sapristi, il faut que nous nous re-pinçions pour être certains de ne pas rêver… Nous sommes bien curieux de lire la suite de ces recherches…
Une aventure apicole du Dr Charles & de Guillaume Schramme
Références:
– *** A voir sur Youtube; un Chelifer prenant un varroa (par Torben Schiffer) – à la minute 7,26 on le voit commencer à mordiller la carapace. Dès une ouverture obtenue, il injecte, crache des sucs digestifs … attend un peu puis réaspire le tout … à la fin le varroa sera absolument vide
– *Der Bücherskorpion, ein wilkommener Gast des Bienenvölker ( österreicher Imker 1951 p 209 unz)
– **Biologische Untersuchungen an mit Honigbienen assoziierten Pseudoskorpionen »2008 Torben Schiffer
– Prof. Dr. Peter Weygoldt « Moos und Bücherskorpione / 1966 »
– A voir sur Youtube; une vidéo de Chelifer au Canada
– Une étude sur la co-habitation d’un autre Chelifer et des abeilles: « Pseudoscorpion Relationship to Arthropods within Honeybee Colonies: The Pseudoscorpion Ellingsenius Indicus Chamberlain Relationship to Other Arthropod Species within Honeybee Colonies », par Krishna Chhosyaki
–photo d’un Chelifer s’accrochant à une patte d’insecte en guise de moyen de transport (photo Claude Pilon Insectarium Montréal, espace pour la vie Montréal)
Biez: quartier en santé sans pesticides
Cette année, Biez, village de la commune de Grez-Doiceau, s’est engagé dans le projet ‘Quartier en santé sans pesticides’ avec Adalia.
Le dimanche 8 juin, le jardin et le rucher de votre président étaient ouverts; Adalia y a donné 2 ateliers pratiques sur le jardinage au naturel et répondu aux questions des participants durant toute la journée.
Compte-rendu dans la Newsletter d’Adalia, ainsi que quelques trucs pour jardiner sans pesticides.
‘Quartier en santé sans pesticides’: un beau projet à mettre en œuvre dans d’autres communes et villages tant il est essentiel de réduire l’utilisation des pesticides pour la santé de nos abeilles (et la nôtre !).