Etude Bee Tox Check: premiers résultats
Un de nos membres y ayant participé, nous avons récemment reçu les premiers résultats de l’Etude Bee Tox Check, qui porte sur une analyse des résidus dans la cire d’abeilles.
Communication apiculteurs Bee Tox Check Brabant Wallon
L’échantillonnage a été réalisé entre mai et octobre 2016, la communication date d’avril 2017. Les résultats reçus sont la moyenne pour la province du Brabant Wallon.
293 molécules ont été recherchées : des produits à usage vétérinaire (fongicides, acaricides, etc.), des solvants, des métabolites, des régulateurs de croissance, etc. Seuls 5 échantillons ont été retrouvés indemnes de toute contamination. Pour les autres échantillons, le nombre de pesticides retrouvés varie entre 1 et 16 par échantillon . Le rapport liste les résultats pour 22 contaminants.
Le communiqué insiste sur le fait que les données sont fournies à titre d’information, qu’il serait prématuré de tirer des conclusions à partir d’elles, et que des analyses statistiques doivent encore avoir lieu afin de comprendre ce qu’il pourrait y avoir derrière elles.
Néanmoins, si nous ne pouvons pas encore tirer des conclusions valables, ces résultats intermédiaires posent de nombreuses questions auxquelles nous espérons que les autorités sanitaires et apicoles apporteront une réponse dans les prochains mois.
- D’où viennent ces résidus: de la cire gaufrée d’une part, ou du traitement par les apiculteurs eux-mêmes et de la récolte du pollen et du nectar d’autre part ?
- L’importance des résidus des produits de traitement anti-varroa nous interpelle: coumaphos, tau-fuvalinate et surtout amitraz; particulièrement ce dernier produit quand on voit qu’il est classé comme moyennement (« modérément ») toxique pour l’abeille et qu’il laisse des résidus en si grande quantité ! Les conseils de traitement prodigués depuis des années sont-ils vraiment pertinents quand on constate une telle accumulation des résidus ?
- Difficile de faire un lien entre la quantité des résidus retrouvés dans la cire et la quantité que l’on pourrait retrouver dans le miel, qu’il s’agisse du ‘miel de hausse’ destiné à la récolte et qui ne devrait pas être affecté par les traitements, ou du ‘miel de corps’ destiné à la consommation par les abeilles. Il y a-t-il des analyses systématiques similaires des résidus dans ces miels ?
- Le critère d’agréation des produits chimiques, la DL50/10 (le dixième de la dose létale pour 50% des abeilles après 48 heures) semble bien dérisoire quand on sait qu’elle est calculée pour un seul produit et non pour un cocktail de 16 contaminants, et qu’elle couvre une exposition durant 48 heures et non une exposition permanente comme c’est le cas ! De plus, il s’agit de l’impact sur l’homme et non de celui sur l’abeille (et de surcroît, ces effets sont évalués par les producteurs de produits chimiques et non par une autorité indépendante!) Quand disposerons-nous de règles objectives et neutres pour l’évaluation des produits chimiques tant sur l’homme que sur l’abeille ?
Si des analyses statistiques complémentaires sont indispensables, elles ne suffiront pas à éclaircir la situation: des analyses causales sont également nécessaires pour déterminer l’origine de ces pollutions.
Et toutes ces analyses resteront inutiles si on ne change pas fondamentalement les principes de base sur lesquels sont fondés notre agriculture et notre élevage; principes aussi bien techniques (recours systématique aux produits chimiques et à la mécanisation) qu’économiques (concurrence accrue et souvent déloyale conduisant à une baisse du revenu des agriculteurs et éleveurs, à une concentration des exploitations et à des techniques d’exploitation toujours plus agressives)
Quand on vous disait que l’abeille est sentinelle …
Revue n°55 du CRA Nivelles
Au sommaire (entre autres):
- Calendrier apicole
- Le petit mot du rédacteur
- La lumière artificielle nuit à la biodiversité
- Le frelon asiatique progresse
A lire sur: Revue N55 SEPTEMBRE 2017