Dossier Athéna: abeilles et bourdons, les sentinelles menacées de notre environnement
Dans le numéro 331 de la revue Athéna paru en mai de cette année, un intéressant dossier sur les menaces qui pèsent sur les abeilles et les bourdons.
Le dossier se base sur les travaux du professeur Pierre Rasmont et de son équipe du laboratoire de zoologie de l’UMons.
Depuis 1980, le professeur a constaté un déclin phénoménal du nombre d’abeilles sauvages en Europe, ainsi qu’une modification importante dans leurs aires de distribution, avec en général plus de pertes que de gains de territoires.
Plusieurs causes sont citées:
- l’utilisation des engrais azotés et la disparition des cultures de légumineuses
- les changements de paysage: urbanisation, disparition des zones de friches ou à culture peu intensive, entrainant une disparitions des espèces de fleurs butinées et des zones d’habitat; baisse de la biodiversité végétale
- le réchauffement climatique; plus que l’élévation de la température moyenne, c’est l’augmentation de la fréquence et de l’importance des périodes de canicules (comme celle que nous connaissons actuellement) qui peut avoir une influence néfaste sur la survie des espèces les plus sensibles. Le réchauffement climatique est également lié à une augmentation des incendies de forêts qui détruisent un grand nombre d’espèces animales. L’influence du réchauffement climatique apparaît maintenant comme beaucoup plus grave que prévu initialement !
- les pratiques agricoles néfastes, problème renforcé par le lobbying des très grosses sociétés qui ont un intérêt direct dans l’utilisation des pesticides: insecticides néonicotinoïdes fortement décriés actuellement, mais également insecticides pyréthrinoïdes (mortels à 100% pour les abeilles à une dose de 3 GR/HA !!) et vermifuges avermectines, dont on parle encore très peu.
- Les espèces invasives venues du sud, prédatrices ou concurrentes des espèces domestiques, dont l’arrivée est favorisée par le commerce international. Le cas de Vespa Velutina est bien connu, mais le professeur Rasmont prévoit l’arrivée prochaine de Vespa Orientalis, d’Apis Florea et de nombreuses autres espèces
- La perte de rentabilité de l’apiculture professionnelle: coût de la main d’œuvre élevé par rapport aux zones économiques avec lesquelles le miel européen est en concurrence, baisse le la production, concurrence déloyale de Chine de miels synthétiques qu’il est presque impossible de distinguer des vrais miels.
Les travaux du professeur Rasmont insistent particulièrement sur les impacts du changement climatique. Dans un futur proche, le changement climatique va entraîner un changement géographique de la distribution des espèces:
- la plupart des espèces va migrer vers le nord et verra généralement son aire de distribution se réduire
- la plupart des espèces nordiques disparaîtra
- un très petit nombre d’espèces profitera du changement pour accroître son aire de distribution.
La migration des espèces dépend cependant de leur capacité de dispersion: certaines espèces pourront migrer facilement, d’autres moins ou pas du tout. La capacité de dispersion des bourdons n’est pas encore bien connue.
Faible capacité de dispersion | Grande capacité de dispersion |
Espèces restreintes à de hautes altitudes ou des de hautes latitudes en montagne | Espéces de plaine |
Espèces insulaires | Espèces continentales |
Espéces spécialistes dans leur alimentation ou leur habitat | Espéces généralistes dans leur alimentation et leur habitat |
Espéces qui n’ont pas été capables de coloniser de nouveaux territoires dans le passé | Espéces ayant connu une expansion récente |
Ce qui est également inquiétant, c’est que si les 2/3 de la superficie de l’Europe deviennent inhospitaliers pour de nombreuses espèces d’abeilles, ils risquent également de devenir incultivables et donc inhabitables pour l’homme.
Pour en savoir plus:
http://recherche-technologie.wallonie.be/fr/particulier/menu/revue-athena/index.html (cliquer « Par numéro »; téléchargement gratuit)
Pierre Rasmont: Climatic Risk and Distribution Atlas of European Bumblebees (étude complète; téléchargement gratuit)
Pierre Rasmont: The high climatic risk of European wild bees and bumblebees (présentation; téléchargement gratuit)
Initiative de la Région wallonne, Athena est une publication mensuelle éditée par le Département du Développement technologique de la DGO6. Elle a pour objectif de sensibiliser toutes les personnes intéressées, et plus particulièrement les jeunes, aux enjeux et aux perspectives des technologies nouvelles, de la biotechnologie aux télécommunications en passant par l’agroalimentaire et les nouvelles technologies de l’information. Athena se veut un outil qui entend contribuer à développer chez tout un chacun une véritable culture scientifique.
Note d’Oncle Max (24/06/2017)
Actuellement, n’oubliez surtout pas les abreuvoirs pour vos colonies : deux fois par semaine, je mets 10 litres d’eau pour les 15 colonies hébergées à Doiceau.
Nous voici déjà avec des châtaîgniers en fleurs, soit près de deux semaines plus tôt que prévu. Avec la fin de la floraison des ronces et des trèfles, le trou de miellée d’été s’annonce particulièrement long. Il reste encore les reines-des-prés (Filipendula Ulmaria), épilobes et quelques autres fleurs sauvages de début d’été (ou d’après solstice d’été) pour les aider.
Personnellement, je serai vigilant dans la récolte des cadres (avant fin juin) afin de laisser suffisamment de réserves aux abeilles. Il leur faudra en moyenne 4 cadres de hausse (tout dépend de la force des colonies) pour tenir jusque fin août.
Il est néanmoins utile de se remémorer l’été 2016 durant lequel les colonies ont pu engranger plus de réserves que d’habitude et, avec le complément de nourrissement fin août/début septembre, certains blocage de ponte ont eu lieu. Bref, gardez des provisions en suffisances pour vos colonies et évaluez correctement le complément qu’il leur faudra.
Il est doucement temps de savoir quelles colonies chacun hivernera.
La recommandation d’hiverner des colonies fortes est toujours d’actualité. Vos observations au trou de vol et lors d’une visite approfondie seront très importantes pour effectuer un bon choix.
Conservez vos colonies les plus vigoureuses et soignez-les bien jusqu’au début octobre. Par soins, en-dehors de ce qui a été évoqué ci-avant pour les réserves estivales, nous entendons le traitement varroa et le nourrissement hivernal (début septembre) précédé d’une petite stimulation de 10 jours (à partir de fin août).
Fête de la Nature et du Miel: ce dimanche 25 juin à Lobbes
Une bonne idée d’activité pour les petits et les grands ! Fête Musée du Miel Lobbes 2017