Du 9 au 11 novembre 2013 s’est tenu à Louvain-la-Neuve les congrès apicole européen Beecome. Il a permis de faire le point sur les dernières avancées scientifiques concernant la disparition des abeilles et de formuler des recommandations.
Ces recommandations sont claires et évitent la langue de bois; elles dénoncent sans détour les facteurs qui mettent la survie des abeilles en danger. Elles se veulent néanmoins constructives, proposant de nombreuses pistes de solutions.
En voici quelques extraits:
Le système agricole doit évoluer
L’intensification constante de l’agriculture avec l’agrandissement des parcelles, la simplification des rotations, le recours devenu systématique à des pesticides, leur utilisation préventive… permettent d’expliquer la perte de la biodiversité indispensable aux pollinisateurs et la présence régulière de contaminants toxiques dans l’environnement. Les apiculteurs veulent attirer l’attention sur les problèmes engendrés par ce système qui risque encore de se développer avec l’utilisation des OGM, autres technologies visant à la destruction du vivant. L’abeille nous indique le niveau de vie de l’environnement. C’est dans ce sens que des systèmes agricoles favorables aux pollinisateurs doivent être promus.
Pesticides
Avant toute chose, il faut tout mettre en œuvre pour ne plus utiliser les pesticides qu’en cas de besoin avéré et si d’autres possibilités ne peuvent aboutir à des résultats satisfaisants. Ainsi, les traitements préventifs comme les enrobages de semences doivent être abandonnés au profit de luttes intégrées. Il faut également éviter les produits systémiques à longue durée de vie. Il faut s’assurer qu’on prenne en considération l’ensemble des données scientifiques pour assurer une évaluation correcte des risques afin de n’autoriser que des pesticides ne présentant pas de risques pour les pollinisateurs.
Il est reconnu par de nombreux scientifiques que le document de guidance sur les tests abeilles de l’EFSA présente une grande avancée par rapport à la situation existante. Il faudrait donc que cette proposition soit adoptée par les Etats membres.
Voir aussi: https://www.srawe.be/?p=100
Biotechnologies
Les recommandations de Beecome vont dans le sens d’une vigilance accrue en ce qui concerne le développement de biotechnologies (OGM, techniques mutagènes, technologie RNAi…) utilisées en plein champ ou en présence de pollinisateurs. Le cas du maïs OGM est à ce titre très explicite. Le bilan actuel de cette culture est décevant :
– aucun apport économique réel vu la moindre valeur marchande du produit,
– pas de diminution de l’utilisation des pesticides,
– absence d’informations quant à son impact sur les abeilles, son lien avec la perte de biodiversité et sa toxicité potentielle.
A côté de cela, plusieurs problèmes sont apparus ou sont à prévoir en cas de généralisation de ce type de culture :
– contamination des produits de la ruche avec un impact sur leur valeur et sur la viabilité économique des apiculteurs,
– restrictions à la mobilité des ruches en raison de leur rôle de vecteur potentiel de transmission d’OGM dans l’environnement,
– insécurité juridique pour les apiculteurs (pollen GM transporté par leurs abeilles).
L’introduction de nouvelles cultures génétiquement modifiées ou de nouvelles biotechnologies et le développement des cultures existantes doivent être arrêtés jusqu’à ce que nous ayons pu apporter des solutions concrètes et applicables à ces problèmes.
Agrocarburants
Les politiques énergétiques européennes ont une influence sur l’aménagement du territoire en Europe et hors EU. Mal conduites, elles peuvent entraîner une perte de biodiversité. Ainsi, on a constaté une augmentation des cultures de colza en France et de maïs en Allemagne pour la production d’agrocarburants ou de biogaz.
Face à cette évolution du territoire, il faut prendre des initiatives qui visent à limiter l’impact négatif de ces modifications. Un dialogue constructif doit être établi avec les acteurs du changement et les apiculteurs.