Note d’Oncle Max
Apis ! Apis toujours…. prêts ! N’oublions pas d’avoir prêts nos cadres de cire gaufrée pour la première visite de printemps dans quelques semaines si la météo nous le permet (comme annoncé). En attendant patiemment, je vous propose non seulement de bien observer vos colonies au trou de vol mais aussi cette réflexion d’un sage apiculteur pour cette nouvelle saison :
Servir ou se servir : le modèle des abeilles
Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur : Philippe Lurquin, membre de l’asbl MELLIFICA dont le but est la promotion de l’abeille noire indigène.
Depuis des temps immémoriaux, la société des abeilles est reconnue par l’être humain comme un modèle d’excellence. Philippe Lurquin propose d’analyser notre pratique apicole à la lumière de ce modèle. Bien sûr, le choix de la race d’abeilles que nous élevons est un des éléments de cette réflexion !
L’observation attentive des abeilles dont nous prenons soin nous permet de constater que l’abeille ne travaille pas pour « se servir » en tant qu’individu isolé, mais avec l’unique objectif de servir la colonie, entité plus grande dont elle est une simple cellule.
Chaque geste étant posé au profit de la collectivité, l’abeille se voit cependant, par les retombées de la bonne santé de l’entité collective dont elle fait partie, bénéficiaire de son action individuelle en tant que membre du corps social qu’est la colonie.
C’est sur ce même principe que fonctionne le corps humain, dans lequel chaque cellule est au service du corps dans son ensemble, lequel fonctionne harmonieusement grâce à l’interaction de toutes les cellules dont il est composé.
Une cellule qui quitte cette orientation collective, et se met à agir pour son propre profit est dite cancéreuse, amenant le dysfonctionnement de l’ensemble du corps qu’elle était censée servir, et précipitant ainsi sa propre perte.
En tant qu’apiculteur, il est possible de reconsidérer nos pratiques en posant un regard sur l’intention que nous mettons dans le rôle que nous sommes censés remplir.
Cette prise de hauteur par rapport à notre fonction d’apiculteur peut nous permettre de déterminer si nous agissons bien comme étant partie d’un Tout, au service d’une entité collective plus grande que nous qu’est le Vivant au sens large, ou bien si nous agissons pour nous servir en tant qu’individu et à son détriment.
Chaque geste de notre conduite apicole peut alors être analysé au préalable en se posant la question : « Est-ce qu’en posant ce geste, mon intention profonde est de servir le Vivant, ou bien de me servir ? »
Prenons quelques exemples :
« En sélectionnant les abeilles qui récoltent moins de propolis, pour que les cadres collent moins lorsque je les manipule, tout en sachant que la propolis est la barrière sanitaire de la colonie, est-ce que je sers ou est-ce que je me sers ? »
« Si, les mauvaises années, je réduis la place disponible dans le corps pour obliger les abeilles à mettre le peu de miel disponible dans la hausse, est-ce que je sers ou est-ce que je me sers ? »
« En pratiquant le commerce mondial de reines et d’abeilles en paquets, recourant au transport aérien polluant d’une part, favorisant la diffusion des maladies et la perte du patrimoine génétique des races locales d’autre part, est-ce que je sers ou est-ce que je me sers ? »
« Si je sature démesurément en abeilles domestiques une zone naturelle au point de risquer de rompre un équilibre subtil avec les autres pollinisateurs sauvages, est-ce que je sers ou est-ce que je me sers ? »
« En choisissant une race d’abeille adaptée à l’agriculture intensive, nécessitant d’être nourrie massivement au sirop de sucre, tout en sachant que la fabrication de ce sirop à base de betteraves et maïs requiert un usage important de pesticides nuisibles à toute la chaîne du Vivant, est-ce que je sers ou est-ce que je me sers ? »
Aligner notre pratique de l’apiculture sur le modèle d’excellence de l’abeille elle-même pourrait se révéler être la solution à beaucoup de problèmes.
Cette approche mérite en tous cas d’être explorée concrètement par chacun d’entre nous par un examen de nos pratiques.
Telle l’abeille butineuse, chaque apiculteur ne détient qu’une toute petite partie d’une solution globale qui par définition, sera collective et coordonnée ou ne sera pas.
S’inspirer du mode de fonctionnement de l’abeille pourrait être la clé du changement.
L’abeille nous tend un miroir. Aurons-nous le courage de nous y regarder ?
Source : Mellifica n° 114 – février 2016 www.mellifica.be/
Enquête nationale sur l’état des ruchers
La fédération Apicole Belge (FAB) et le Koninglijke Vlaamse Imkersbond (KONVIB), avec l’aide du CARI, vous proposent de répondre en ligne à un questionnaire qui a pour but de connaître l’état des ruchers en ce début 2016: http://goo.gl/forms/1Xr4BcqCQu
Dossier Glyphosate: suite (et pas encore fin)
Les nouvelles se bousculent ces dernières semaines au sujet du glyphosate (substance principale du Roundup)
Vendredi 8 janvier 2016: le CRIIGEN annonce avoir gagné 2 procès dans sa lutte contre les OGM et le glyphosate.
Le CRIIGEN, Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie Génétique, dont le président du conseil scientifique est le Pr Gilles-Eric Séralini, a publié des études très critiques sur les OGM et le glyphosate.
On se souviendra particulièrement d’une étude de 2012 « Toxicité à long terme de l’herbicide Roundup et d’un maïs génétiquement modifié pour tolérer le Roundup », montrant des rats ayant développé de monstrueux cancers.
Cette étude, publiée originellement dans la renommée revue « Food & Chemical Toxicology » avait été retirée en 2013 par son éditeur Elsevier sous la pression des lobbys, avant d’être publiée à nouveau en juin 2014 dans la revue Environmental Sciences Europe.
Elle avait valu à ses auteurs une tempête d’attaques. Notamment, par le magazine Marianne, sous la plume de Jean-Claude Jaillette, qui avait écrit que « des chercheurs du monde entier » avaient « des mots durs » au sujet de la recherche du Pr Gilles-Éric Séralini et de son équipe sur les effets toxiques d’un OGM et du Roundup à long terme, et avait évoqué une « fraude scientifique où la méthodologie sert à conforter des résultats écrits d’avance« . Le Pr Séralini, son équipe et le CRIIGEN ont attaqué cette allégation en diffamation. Le 6 novembre 2015, aux termes d’une information judiciaire de trois années, la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris vient de condamner les auteurs (le journal et son journaliste) de cette grave accusation portée par Marianne pour diffamation publique.
Autre dossier: le 25 novembre 2015, le Tribunal de Paris a mis en examen Marc Fellous pour « faux » et « usage de faux » dans un procès qu’il avait perdu en diffamation contre le Pr. Séralini. L’histoire remonte à 2009 et à une étude portant sur trois maïs OGM de la firme Monsanto; elle avait montré que Monsanto n’avait communiqué aux autorités qu’une version favorable à l’obtention des agréments, dissimulant la plupart des données au nom du » secret industriel « . Cette étude avait été violemment critiquée par Marc Fellous, ancien président de l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV) et de la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB) qui avait permis d’autoriser nombre d’OGM agricoles à la consommation. S’en était suivi en procès en diffamation que le Pr. Séralini avait gagné en 2011, procès au cours duquel Marc Fellous avait produit des faux.
NB: la CGB a été remplacée en 2008 par la Haut Conseil des Biotechnologies dont le rôle majeur est d’éclairer de manière indépendante le Gouvernement (français) sur toutes questions intéressant les OGM ou toute autre biotechnologie, et de participer à l’élaboration de normes et règlements les concernant
Infos & commentaires sur le blog de Raoul Marc Jennar
Sur Youtube: JT RTBF du 25/04/2014; un bonne perspective
Euractiv.fr: les trois quarts des Allemands contaminés au glyphosate
Vendredi 4 mars 2016: le ministre fédéral Borsus annonce qu’il soutient la proposition de renouveler l’approbation du glyphosate
Ce vendredi 4 mars, un communiqué de presse officiel intitulé La Belgique durcit les règles d’approbation du glyphosate, (admirez l’exercice de style !) nous informe que « Sur base de l’avis du SPF Santé publique et en concertation avec la Ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open Vld), le Ministre de l’agriculture Willy Borsus (MR) soutient la proposition de renouveler l’approbation du glyphosate […] car basé sur la science et le principe de précaution »
3 raisons « scientifiques » sont invoquées:
- l’avis de l’EFSA « qui conclut qu’il est improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l’homme« . L’EFSA ne supporte pas le rapport de l’IARC, l’International Agency for Research on Cancer de l’OMS, qui avait classé l’herbicide glyphosate comme « probablement cancérogène » chez l’homme.
- le fait que les incertitudes identifiées par l’EFSA « sont toutes prises en compte dans la décision de la Commission européenne, sous forme de mesures de gestion de risques supplémentaires, conduisant notamment à des évaluations plus poussées au niveau des Etats membres lors de l’autorisation des produits contenant le glyphosate (compétence nationale) »
- le fait que la proposition de la Commission « prend aussi en compte les incertitudes soulevées par l’EFSA sur un des co-formulants parfois associé au glyphosate, la POE-tallowamine. La Belgique considère qu’il s’agit ici de l’application correcte du principe de précaution. »
Cette décision est vivement critiquée, notamment par InterEnvironnement Wallonie: Déception : la Belgique soutient le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, classé cancérigène probable pour l’homme.
IEW rappelle notamment que l’évaluation officielle par l’Europe des propriétés cancérigènes du glyphosate n’est pas encore commencée et que les conclusions ne sont pas attendues avant 18 mois !
Lettre d’IEW aux ministres fédéraux (08/12/2015)
Dans un communiqué de presse daté du 8 mars, les Ministres wallons et bruxellois de l’Environnement se sont dits consternés par cette décision: « Pour Carlo DI ANTONIO (CdH) et Céline FREMAULT (CdH), cette position s’apparente à de la lâcheté environnementale. Ils sont stupéfaits par la position que le Ministre BORSUS – représentant la Belgique – défendra à l’Europe ce mardi !. […] Dans cette logique, la Ministre Céline FREMAULT proposera une interdiction d’utilisation du glyphosate sur le territoire bruxellois le 20 mars à l’occasion de la Semaine sans pesticides. De son côté, Carlo DI ANTONIO souhaite suivre l’exemple des Pays Bas et voir interdire l’utilisation du glyphosate pour tous les particuliers et les services communaux en Wallonie. »
Le médiateur européen vient précisément de critiquer fort vertement la Commission pour ses décisions prises avant que les études scientifiques indépendantes suffisantes aient été menées à bien. Le glyphosate est une des substances pour lesquelles la plainte de Pan Europe mentionne que les études sponsorisées par le producteur donnent des résultats fort différents des études indépendantes
Autre critique formulée par PAN Europe et le médiateur et qui s’applique parfaitement dans ce cas: en reportant la décision sur la substance (à prendre au niveau européen) vers des décisions à prendre sur les produits commerciaux (à prendre au niveau national, en Belgique au niveau régional), on multiplie les agréations à donner, au risque de noyer les décideurs sous une masse de travail excessive et d’en arriver à agréer des produits ‘par défaut’, simplement parce qu’on n’a pas eu le temps de faire toutes les analyses nécessaires et d’en étudier leurs conclusions.
Lundi 7 mars: report de la décision de la Commission Européenne
Le vote concernant l’autorisation du glyphosate en Europe a été reporté, faute de majorité au sein du comité d’experts. Les pays les plus réticents sont la Suède, l’Italie, la France, les Pays-Bas et l’Allemagne.
« La Commission essaie à présent de trouver une solution pour convaincre les Etats membres qui ne sont actuellement pas favorables avec un changement dans le texte initial, afin d’obtenir une majorité qualifiée« , indique Bart Staes, membre des Verts-ALE.
On voit clairement quel est le but recherché !
2 pétitions à signer
http://www.natpro.be/campagnes/glyphosate/index.html
http://action.sumofus.org/fr/a/glyphosate-vote-2016-french/?sub=mtl
A relire dans les archives de la SRAWE:
01/02/2014: 1200 médecins français signent un appel anti-pesticides
01/02/2014: Les pesticides sont beaucoup plus toxiques pour l’homme qu’annoncé
06/06/2015: Concernant l’interdiction des pesticides en Région Wallonne
10/10/2015: Controverse autour du glyphosate
27/02/2016: Décision du Médiateur Européen concernant les pratiques de la Commission Européenne au sujet de l’autorisation et le placement sur le marché de produits de protection des plantes