Cette fois l’hiver est bien déclaré: que font nos abeilles ?
Un reportage photographique de Charles Schramme
Et bien c’est un peu l’histoire de La Fontaine « la cigale et la fourmi »: ceux qui n’ont que festoyé tout l’été se retrouvent affamés…
Le moindre brin d’herbe se négocie à prix d’or.
Les abeilles qui n’ont fait que travailler devraient pouvoir compter sur leurs réserves…à condition évidemment que l’apiculteur n’ait pas prélevé de dîme trop importante ! Ce froid de canard empêche même les oiseaux de picorer les pommes survivantes.
Des panneaux dits « Van Leeuwen » montent la garde devant les ruches afin de couper le vent glacial et empêchent les rares rayons du soleil bas de midi de franchir l’ouverture d’entrée et de faire croire aux abeilles gardiennes qu’au dehors il fait splendide; celles qui sortiraient piqueraient illico du nez et se retrouveraient dans la neige, incapables de rentrer.
Ceci dit, au milieu de la ruche, les abeilles se sont mis en boule, une curieuse boule avec des tournantes: celles en périphérie forment la couche d’isolation et récupèrent (elles hibernent profondément), tandis que celles qui se retrouvent à tour de rôle au centre de la grappe actionnent leurs muscles comme si elles volaient, tout en ayant mis le changement de vitesse au point mort; c’est à dire que les ailes ne bougent pas, seulement les muscles, et c’est cela qui génère la chaleur nécessaire. Serions nous capables de nous chauffer en frissonnant ?
Note technique: la température que doit maintenir la grappe hivernale varie très fort selon qu’il y ait du couvain ou non. S’il y a du couvain, c’est ce noyau central qui doit être maintenu à une température comprise entre 34 et 37°. S’il n’y a pas de couvain, c’est la température minimale en périphérie qui détermine la production de chaleur; elle ne peut pas descendre en dessous de 6°C; le température au centre de la grappe peut alors varier alors de 12 à 34°C selon la température environnante. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas la température la plus haute qui est favorable à la survie d’une abeille individuelle mais bien la température la plus basse (à condition qu’elle reste au-dessus du minimum de 6°C): c’est à basse température que l’abeille hiberne le mieux. L’abeille chauffeuse ne produit donc pas de chaleur pour sa propre survie mais bien pour celle de ses consoeurs qui se trouvent en périphérie et celle du couvain.
Pour en savoir plus sur le fonctionnement de la grappe hivernale: Grappe hivernale, l’art de l’économie (CARI, Jeanine Kievits, [PDF])
Notes d’Oncle Max – 21/01/2016
Cette semaine, les abeilles se sont regroupées en grappes dans le corps sur l’éventuel couvain pour le protéger. Elles sont en mode « hibernation ». Si le couvain est déjà trop important, elles auront du mal à se nourrir car elles devront alors abandonner le couvain pour aller se nourrir là où il leur reste des réserves. Ce week-end, vérifiez l’état des réserves toujours sans ouvrir les ruches car une bonne partie de la semaine nous aurons une température de 10°C, donc des vols de propreté et de prospection. Voyez ce que j’ai conçu pour apporter 500gr de candi aux colonies tout en conservant l’isolation.
Réverbération du soleil sur la neige : attention, les abeilles risquent d’être perturbées par la réverbération du soleil sur la neige et de vouloir sortir inconsidérément par des températures trop basses avec un risque d’hypothermie. Mettre des feuilles mortes, copeaux de bois ou tout autre couverture sur la neige devant les ruches (sur les 3 premiers mètres) pour couper cette réverbération.
Sulfoxaflor: suite et pas encore fin (hélas!)
En novembre de l’année passée, nous vous proposions de signer une pétition de Nature et Progrès au sujet du Sulfoxaflor (Voir l’article Voir tous nos articles sur le Sulfoxaflor). Près de 2.400 personnes ont signé la pétition. Le ministre Borsus a répondu à N&P. En substance, il assure que la protection des abeilles constitue pour lui une priorité; que si l’EFSA a conclu que certains usages de la molécule ne présentent pas d’effets inacceptables(notamment sous serre), il veillera à ce que, pour toute demande d’autorisation en Belgique d’un produit contenant la Sulfoxaflor, les effets possibles sur les abeilles et autres pollinisateurs soient évalués avec la plus grande attention.
- Découvrez la réponse de Willy Borsus au courrier N&P du 2 novembre
- Lire le communiqué de presse N&P du 16 novembre 2015
- Réponse du ministre Borsus suite au dépôt des signatures
Il est important que nous restions attentifs. Il devient clair que la protection des abeilles et des butineuses devient une obligation à laquelle plus aucun politicien européen ne peut se déclarer insensible. Mais des bonnes paroles aux actes, nous savons aussi qu’il y a un long chemin et que le lobbying des secteurs économiques a souvent plus d’impact que le respect des personnes et de l’environnement.