Note d’Oncle Max – 6/01/2023
Nous voici avec les Rois Mages dans la première semaine de 2024, avec les pieds presque palmés après ces 3 mois de temps pluvieux et souvent venteux.
Soit 15 jours après le solstice d’hiver : si certaines colonies ont déjà commencé à élever du couvain (ou ne se sont pas arrêtées d’en élever) il serait préférable de mettre les plateaux sous les planchers grillagés en vue d’une période de gel qui s’annonce à partir de dimanche soir. C’est Carole qui m’a fait remarquer que les prévisions s’étaient soudainement orientées à la baisse. Nous avons dès à présent ce mercredi 3/12 déjà mis les plateaux sous les planchers Nicot des colonies du RT à Doiceau.
Pour les fêtes de fin d’année, les floraisons des premiers noisetiers sont apparues, mais avec ces pluies régulières je doute que les butineuses aient pu en profiter. Mais certains ont observé des rentrées de pollen chez certaines de leurs colonies.
En soulevant les grilles protectrices des entrées des ruches pour évacuer le surplus de cadavres d’abeilles, j’ai retiré en même temps quelques petites limaces grises (limaces léopards) qui étaient parvenues à rentrer. La Limace léopard (Limax maximus) peut avoir une longueur d’environ 13 cm, certains auteurs lui donnent même une longueur maximum de 20 cm à l’âge adulte. Cette limace est omnivore et peut se montrer carnivore. Une fois dans la ruche, elle peut se nourrir aussi bien de cadavres d’abeilles que de pollen, de cire, voire de jeunes larves d’abeilles. Au départ, cette limace réside en forêt se nourrissant de bois morts et de cadavres divers (insectes, petits rongeurs, etc …). Apparemment, elle serait plutôt une alliée pour nos potagers car elle se nourrit de déchets verts, plantes mortes et s’attaque aux autres limaces. Elle peut donc être utile pour lutter contre les autres espèces de limaces susceptibles de ravager nos potagers. Donc, vaut mieux la retirer de nos ruches, ne pas la tuer mais la déposer dans nos potagers.
Jusqu’à cette fin de semaine, nous avons eu, malgré ces pluies, des températures assez douces supérieures aux moyennes saisonnières. Cette situation a contribué à une activité des colonies qui leur a fait consommer plus de réserves. Nous devons être attentifs au suivi des réserves de chacune des colonies. La période de gel qu’on nous annonce va faire resserrer les grappes et faire ralentir l’activité de la ruche, sauf pour celles où la ponte a repris et pour laquelle il faudra maintenir une température suffisante pour protéger les jeunes larves. Cela risque de compliquer la tâche des abeilles qui d’une part devront rester fixées sur le couvain pour maintenir une température adéquate (minimum 30°C pour les larves operculées, idéalement 35°C pour les œufs et les jeunes larves non operculées) et d’autre part devront se nourrir là où restent des réserves. Pour cette raison, cette période de l’année est souvent critique pour les colonies qui ne sont pas très populeuses. Il arrive que des abeilles cannibalisent des œufs et des jeunes larves non encore operculées pour survivre car ne parvenant pas à se nourrir sans abandonner le jeune couvain.
Janvier et février seront les deux mois difficiles à passer pour nos abeilles. Restons vigilants et, si nécessaire, donnons-leur un complément de candi pour s’assurer qu’elles ne sont pas en disette.
N’oubliez pas de fêter les rois en tirant la fève, ce samedi !
Revue n° 112 du Cercle Royal Apicole de Nivelles
Au sommaire (notamment):
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- Le petit mot du rédacteur
- La vie du Cercle – Agenda
- Positive attitude ? celles de « Ces fleurs qui apprennent à se passer des pollinisateurs dont les populations s’effondrent »
- Nivelles : les frelons asiatiques sous surveillance
- Environnement – Les frelons asiatiques ont des effets ravageurs pour les abeilles
- Politique de l’UE. Les députés demandent un étiquetage plus clair du miel
pour freiner la hausse des importations frauduleuses
A lire sur: Revue N° 112 JANVIER 2024
Pour en savoir plus sur l’article: « Ces fleurs qui apprennent à se passer des pollinisateurs dont les populations s’effondrent »
Insistons sur l’importance de cette étude, mentionnée dans la revue n°112 du CRA Nivelles.
Au départ, les changements environnementaux tels que la fragmentation et la destruction des habitats, la pollution des terres agricoles et l’introduction de nouvelles espèces causent le déclin des pollinisateurs.
Du fait de l’absence régulière des pollinisateurs, se développe la faculté qu’ont certaines plantes normalement entomophiles de produire des graines par autofécondation en l’absence momentanée de pollinisateurs. Cette évolution fait que certaines caractéristiques que la plante entretenait pour attirer les pollinisateurs, mais qui lui coûtent cher, disparaissent progressivement: pétales plus petits, productions de nectar et de pollen réduites, moins de parfum. D’autres caractéristiques évoluent aussi: taille des fleurs, poids des graines, distance entre les organes mâles et femelles, …
En conséquence, ces fleurs deviennent encore moins attractives pour les butineuses et renforcent leur caractères d’autofécondation. Il en résulte une boucle de rétroactivité (‘feedback’) de l’éco-évolution conjointe des plantes et des insectes: les butineuses disparaissent encore plus, les plantes réduisent encore leurs efforts pour les attirer.
Mais, à plus long terme, cette évolution est négative pour les plantes aussi: en l’absence de fécondation croisée, le risque de dérive génétique est accru, et elles ne peuvent plus s’adapter aux évolutions de leur environnement.
Cette transition évolutive est généralement considérée comme un cul-de-sac irréversible.
Notons que cette étude porte sur l’évolution au cours d’une période d’une quarantaine d’années seulement !
- https://www.lavenir.net/actu/2023/12/20/ces-fleurs-qui-apprennent-a-se-passer-des-pollinisateurs-dont-les-populations-seffondrent-JOCWBPEGIBAUNNARK5D2L5L5AM/
- https://www.letemps.ch/sciences/en-manque-de-pollinisateurs-certaines-fleurs-savent-desormais-s-en-passer
- La publication originale (en anglais – les biologistes et les statisticiens pourront en apprendre beaucoup sur les méthodes utilisées !): https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/nph.19422
NB: la lecture de cette étude sera un régal pour les biologistes et les statisticiens: l’analyse et l’isolation des différents facteurs pouvant intervenir sont minutieusement décrites: un vrai régal pour les spécialistes !