Note d’Oncle Max – 30/12/2023

Pour vous souhaiter à tous une Excellente Année Apicole 2024, je souhaiterais la placer, non sous le signe du dragon chinois, mais sous le thème du POLLEN.

Le jeudi 21/12, j’ai assisté à un webinaire des plus instructifs sur l’importance du pollen pour les abeilles surtout dans le cadre des changements climatiques.

Ce webinaire fut organisé par Jean Riondet avec comme intervenant conférencier Yves Darricau dans la ligne de son livre : « Des arbres pour le Futur – memento du planteur pour 2050 » .

Yves Darricau a publié récemment un autre ouvrage intitulé « Planter pour les abeilles – l’apiforesterie adaptée aux espaces et aux enjeux d’aujourd’hui » :

Nos paysages changent, les plantes souffrent et dessaisonnent, les abeilles disparaissent et leur alimentation devient un enjeu majeur… Chacun de nous peut agir et planter pour que, demain, les pollinisateurs survivent et que nos jardins s’adaptent et continuent à faire rêver.
Plus de 70 portraits d’arbres, d’arbustes et de lianes indigènes et exotiques (savonniers, tilleuls, lotus, buddleias, kalopanax, tetradiums, cyprès, saules…) dévoilent une diversité végétale qui apporte des solutions écologiques face au changement climatique. Ces espèces enrichissent la palette des amoureux des abeilles et permettent l’émergence d’une api-agroforesterie tant dans nos jardins que dans les espaces agricoles et urbains.
Ces plantes assurent aux abeilles une alimentation saine, avec des apports réguliers de nectar, de pollen et de résines à propolis, et permettent ainsi le maintien des ruchers en terres marginalisées – humides, sèches ou pauvres.
Ces végétaux sont choisis, en complément de la flore usuelle, pour leurs floraisons tardives ou au contraire très précoces, pour des solutions paysagères adaptées aux canicules et aux hivers doux
.

Yves Darricau insista sur l’adéquation trinitaire Sol-Climat-Plante avec au centre la biodiversité du peuplement végétal. Pour conserver, sinon restaurer la biodiversité, il faut agir pour une nouvelle adéquation avec une palette végétale diversifiée et des pratiques de plantations adaptées.

Il expliqua l’importance de la production de pollen pour un grand nombre d’êtres vivants et en particulier les insectes.

« La diversité florale et la disponibilité de l’offre sont primordiales pour couvrir ces besoins polliniques. La production de vitellogénine , c’est-à-dire la lipoprotéine de vitalité de l’abeille est favorisée par l’offre de pollen de fin d’été et d’automne.
Les paysages combinant agriculture à forte diversité et habitats naturels ou semi-naturels sont les plus adéquats pour couvrir ces besoins.
La phénologie des végétaux les plus résistants, arbres et arbustes, devenant un élément vital à privilégier en période de réchauffement climatique ».

La diversité de pollens permet aux abeilles domestiques d’avoir

  • une plus grande vitalité des colonies d’abeilles,
  • un meilleur hivernage (+ vitellogénine)
  • une détoxification (tolérance aux insecticides) INRAE 2021 . NB : comme les pesticides ont tendances à s’accumuler dans les corps gras (dont la cire), je me demande justement si les abeilles n’expulsent pas une bonne partie des pesticides par leurs corps gras qui permettent de produire de la cire.

 Phytos : Le pollen a un effet « détox » sur les abeilles (lafranceagricole.fr)

  • une meilleure immunité (rôle anti-bactérien, antivirus,…)

Y compris pour les abeilles sauvages.

Avec les sécheresses, canicules et inondations (érosions), nos paysages s’ouvrent de plus en plus et se simplifient avec des ressources florales en baisse.

Que retenir de ces constats ? Le pollen est déjà et sera le facteur limitant dans nos paysages qui vont manquer de fleurs.

Les cycles végétaux s’accélèrent par le réchauffement climatique : avancement de 3 semaines depuis quelques années. On constate un déphasage entre floraisons et insectes. Une désynchronisation s’installe entre floraisons – insectes – oiseaux insectivores et petits mammifères insectivores.

Soit certaines floraisons (noisetiers, par exemple) sortent plus tôt que les abeilles. Il peut y avoir perte de synergie/complémentarité entre certaines fleurs et certains insectes, soit les abeilles sortent plus tôt que les floraisons et sont en porte-à-faux avec ces dernières. NB : récemment 37% des colonies d’abeilles en Californie sont mises en chambre froide afin de les synchroniser avec la floraison des abricotiers.

Si les 75% de nos floraisons se sont compactées d’un mois, alors qu’elles s’étageaient sur 5 mois, c’est 15% (20% x 0.75) de la ressource alimentaire florale qui ont disparu pour cause de réchauffement climatique. > A traduire par 15% de biomasse d’insectes en moins et à rapprocher des 30% de perte de biodiversité depuis 1930. Entre les saules et le lierre, tout s’est compacté avec une disette en été et en automne.  Il faut restaurer avec des essences locales adaptées aux changements climatiques.

Exemple : planter des corylus colurna (noisetier de Byzance ou l’acer opalus (érable à feuille d’obier) qui fleurissent précocement.

Pour les floraisons tardives :

  • Sophora japonica var « Régent », mais ne supporte pas bien les sols trop humides ou trop lourds. arbre
  • Koelreuteria (savonnier) var. « October » ou Koelreuteria Bipinatta qui a une floraison spectaculaire avant le lierre. arbre
  • Tetradium daniellii (Evodia) . arbre
  • Lagerstroemia > 100 jours de pollen . arbuste/buisson
  • Buddleia de Weyer > 100 jours de nectar ; pas de pollen. buisson/arbuste
  • Heptacodium miconioïdes : hauteur à maturité 4 m, largeur à maturité 4 m, couleur de floraison blanc, mois de floraison de août à octobre.  Exposition soleil, mi-ombre, rusticité rustique (t° mini : -15°), type de sol drainé à léger, richesse du sol normal, humidité du sol frais.
  • Viorne tin (viburnum tinus)  :  hauteur à maturité 3 m, largeur à maturité 3 m, couleur de floraison blanc, mois de floraison de janvier à décembre. Exposition soleil, mi-ombre, ombre, rusticité assez rustique (t° mini : -7°), type de sol normal, richesse du sol normal, humidité du sol frais
  • Mahonia japonica
  • Fatsia japonica = faux-aralia (idéal pour le piégeage des frelons asiatiques) avec floraison en sept-oct. mi-ombre, en sol très frais, léger et acide. Rustique jusqu’à -12C°
  • Lierre à faire monter sur des piquets pour provoquer la floraison.
  • Caryopteris

Un très bon article résumant bien les livres de Yves Darricau sur le pollen :

  lsa-312-nd22-pollen.pdf (agroforesterie.fr)

Que votre année apicole 2024 soit source de joie, de satisfaction, de méditation, d’espérance et de nouveaux projets pour un meilleur futur pour vous et vos abeilles.

PS : symphorines blanches (symphoricarpos albus) ht 40/60 RN (racines nues @1.6 € pièce htva (minimum 25): j’en ai commandé 25 pour moi mais je peux compléter la commande si certains sont intéressés. Confirmer pour le 4/1 avec livraison en principe dans la semaine du 12/1 (lieu de retrait à Gottechain); email : beemax@skynet.be

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