Les phéromones au service du biocontrôle contre Vespa Velutina
Une communication de notre collègue apiculteur Michel Becker
Le professeur Eric Darrouzet, chercheur sur les insectes sociaux (frelon asiatique, abeilles, termites…), directeur du département professionnel Agrosciences de l’université CRNS de Tour, mène des recherches pour trouver une solution de lutte biologique pour contrer le frelon asiatique: https://www.univ-tours.fr/annuaire/m-eric-darrouzet
Dans ce domaine, ses études sont orientées sur deux axes :
- étude de la biologie et de l’écologie de ce frelon invasif : systèmes de communication chimique (signature chimique – phéromone de contact, phéromone d’alarme et phéromone sexuelle), relations multi-trophiques (interactions plante carnivore/frelon, abeilles/frelon, parasitisme, virus, …), consanguinité de la population invasive
- mise au point d’outils de lutte écologiques, efficaces et sélectifs : pièges sélectifs, destruction thermique des colonies.
Il travaille en partenariat avec l’entreprise Scyll’Agro afin de développer une solution de biocontrôle basée sur des phéromones de synthèse. www.scyllagro.com
A ce jour, Scyll’Agro commercialise déjà une phéromone d’alarme pour les ouvrières et une phéromone sexuelle pour les mâles. Il n’y a pas encore de solution 100% satisfaisante, mais ils sont en recherche d’une phéromone pour essayer de neutraliser le frelon asiatique femelle. Cette recherche pourrait prendre 3 ans; entretemps ils vont tenter de développer un piège alimentaire avec un spectre plus large ceci afin d’avoir une solution plus rapide.
En cette période de l’année, nous faisons le vœu qu’ils aboutissent au plus vite !
Joyeux Noël et Bonne Année apicole 2024 !
Cette fin d’année est l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, d’essayer d’identifier les évènements marquants de notre année apicole 2023.
L’année 2023 fut assez chaotique au point de vue météo et depuis presque 2 mois il ne cesse de pleuvoir. Juste une petite accalmie de temps plus sec pendant quelques jours qui a permis aux agriculteurs de terminer une partie de leurs travaux agricoles prioritaires.
Il y a 1 an, nous prévoyions que « l’année 2023 sera donc sans doute celle où tous les ruchers de notre région seront confrontés massivement à cet invasif ». En 2023, l’impact des frelons asiatiques sur nos ruchers a varié sensiblement d’un rucher à l’autre suivant l’environnement. Il semblerait que les zones plus urbanisées aient été plus affectées que les zones rurales ou campagnardes. Si certains ruchers furent plus attaqués que d’autres, un grand nombre reçurent néanmoins la visite du frelon asiatique. Sauf chance imprévue (s’il gèle fort cet hiver, sait-on jamais …), l’année 2024 sera donc sans doute celle où tous les ruchers de notre région seront confrontés encore plus à cet invasif. Il faudra donc continuer le piégeage de printemps (surtout !) et de fin de saison pour tenter de limiter la propagation de nids.
Dans notre société même, plusieurs membres ont suivi les formations du CRA-W et déjà accumulé une expérience fructueuse tant au niveau du piégeage, qu’au niveau de la protection des ruches ou encore de la neutralisation des nids. Ils se sont mis très largement à la disposition de tous nos membres qui font appel à eux: un tout grand merci à eux ! En 2024, nous tâcherons de fluidifier la communication et d’améliorer la complémentarité entre nos ‘spécialistes FA’ et tous nos membres afin d’intensifier la lutte contre cet invasif.
D’un point de vue apicole, l’année 2023 fut une assez bonne année pour beaucoup d’entre nous, meilleure au printemps qu’en été pour certains. Avec les floraisons qui se sont décalées plus tôt dans le calendrier nous devrons adapter nos conduites des colonies. Par exemple, les noisetiers ont fleuri déjà en décembre 2022 et janvier 2023, au moment où nos abeilles ne sortent pas encore. Aujourd’hui les boutons floraux ont déjà 2 cm par endroits et tout porte à croire que d’ici la fin du mois les premiers noisetiers seront déjà en fleurs.
Ce qui nous amène à insister encore sur l’importance des ressources alimentaires de nos abeilles et de tous les insectes butineurs, à savoir les plantes sauvages, les arbres et arbustes mellifères et pollinifères. Une grande variété et une grande abondance sont indispensables pour assurer autant l’approvisionnement des butineuses que la fécondation des fleurs tout au long d’une saison mouvementée, où les synchronisations acquises au cours des millénaires sont maintenant bousculées.
La guerre en Ukraine nous donne toujours des inquiétudes tout comme celle au Moyen–Orient, ainsi que les élections au Congo qui risquent de déraper dangereusement ces prochains jours. Cependant, à la question posée récemment à Hubert Védrine (dans le cadre d’une interview sur la guerre en Ukraine) sur quelle serait la crise la plus importante pour lui, il répondait néanmoins que bien sûr il est préoccupé par la Russie, mais que pour lui la crise majeure à laquelle nous devrons faire face est la crise climatique/environnementale aussi bien pour les systèmes de santé que les systèmes économiques (agricoles, industriels, transports, …).
La biodiversité ne cesse de se dégrader et les pouvoirs politiques semblent prêts à lâcher la bride à nouveau pour l’utilisation de produits chimiques agricoles écocides tels que le glyphosate.
Notre vœu pour cette année 2024: que les pouvoirs publics à tous les niveaux prennent conscience de la gravité de la situation pour les abeilles mellifères, pour l’ensemble de notre entomofaune, pour la végétation spontanée ou sauvage; qu’ils favorisent la transition des activités agricoles vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement, du bétail, des agriculteurs eux-mêmes, et régénératrices de la biodiversité; qu’ils subsidient efficacement la plantation massives d’arbres et arbustes mellifères, ainsi que la lutte contre le frelon asiatique.
Ce changement de paradigme indispensable ne se fera qu’à condition que des pouvoirs publics courageux l’encouragent au nom de l’intérêt commun primordial des hommes et de leur environnement, rompant ainsi avec les impératifs individualistes habituels du néo-libéralisme ambiant.