Note d’Oncle Max – 15/07/2023
Notre grand tilleul pleureur (tilia tomentosa petiolaris) termine sa super floraison cette semaine ; c’est une des rares années où il a une telle floraison. J’espère que ce n’est pas son chant du cygne car depuis le début du printemps je trouve la couleur (signe de santé) des feuilles beaucoup moins foncée (côté supérieur car côté intérieur c’est plutôt argenté) et la masse des feuilles moins importante (on peut voir quelques branches au travers, ce qui n’était pas le cas lorsqu’il était en meilleure santé). Canicules et longues périodes de sécheresse et de chaleur ont un impact sur certaines espèces d’arbres. A l’avenir, certains arbres seront plus impactés que d’autres suivant le type de sol dans lequel ils poussent.
En cette mi-juillet, on peut faire un premier bilan de ce que nos abeilles nous ont permis de récolter. NB: j’estime qu’il est quelquefois plus facile d’identifier les causes d’un problème avec les colonies que d’identifier les raisons pour lesquelles les colonies ont été performantes.
Mon analyse personnelle est un peu tronquée du fait que j’ai laissé sur chacune des colonies une hausse de miel non operculé à la récolte de printemps et ensuite une hausse de miel totalement operculé à cette récolte d’été. NB : mes hausses DB10 cadres contiennent bien 10 cadres et non 9.
Parmi mes 8 colonies (dans le BW), 3 ont essaimé et parmi ces 3 colonies qui ont essaimé, une n’a pas pu rentrer plus qu’une hausse de miel durant la saison (hausse laissée après essaimage).
Bref, j’ai récolté au printemps 145kg sur 5 ruches, ensuite le 7 juillet +/-100kg sur 7 ruches en laissant une hausse complète de miel operculé (+/-15kg x 8) à chaque colonie et en transférant une hausse de miel non operculé (équivalente à 6 kg) sur un essaim tardif. Ce qui donne un total de +/- 371 kg de miel rentré par l’ensemble de mes 8 colonies, soit une moyenne de +/- 46 kg par ruche (dont 3 qui ont essaimé). Lorsqu’on sait que la moyenne de production sur 10 ans dans le BW est de 25 kg/ruche de production (cfr données du CARI), j’estime que c’est une excellente année en tenant compte d’un printemps plutôt pluvieux et frais suivie d’une période de sécheresse de 6 semaines.
C’est principalement l’environnement mellifère proche (rayon de 300m à 400m) du rucher qui a permis aux abeilles de profiter de courtes périodes de beau temps au printemps pour rentrer beaucoup de nectar. NB : Ici, les abeilles ont rentré deux fois plus de miel en avril-mai (avant acacias) qu’en mai-juin. Mon rôle fut seulement d’essayer de bien accompagner le développement des colonies. Le rôle de l’apiculteur est très secondaire lorsque tout va bien, mais il peut être principal s’il commet des erreurs de conduite qui perturbent la colonie.
Néanmoins, je dois admettre que l’appoint de candi protéiné (500gr à 750gr par colonie) à partir de fin janvier a permis aux colonies de développer le couvain en l’absence de pollen disponible dans la nature, et ainsi d’avoir des colonies suffisamment populeuses pour la miellée sur saules et ensuite sur fruitiers malgré les aléas climatiques. Certains apiculteurs ne sont pas adeptes d’une stimulation printanière, mais en ces périodes de changements climatiques il s’avère que c’est une aide pour une abeille dite « domestique ». Autrement, les abeilles développeraient leur couvain sur la miellée printanière. Certains environnements printaniers ne permettant pas une miellée printanière justifient le fait de laisser se développer les colonies sur les seuls apports printaniers, et ceci est tout à fait approprié.
En conclusion, je dirais que chaque conduite de ruche est tributaire de l’environnement mellifère qui l’entoure et de ses types de floraisons : un environnement mellifère printanier n’est pas identique à un environnement mellifère estival. Certains ruchers ont un environnement mellifère ambivalent et plus équilibré printemps/été qui permet plus de flexibilité de gestion. Les ressources alimentaires suffisantes et diversifiées pour les abeilles sont la garantie d’une bonne santé des colonies et de leur dynamisme.
Au lieu d’inciter les gens à multiplier le nombre de ruches, il faut les inciter à améliorer l’environnement par des arbres et arbustes mellifères, principalement, saules, fruitiers/merisiers /prunus, érables, sorbiers, aubépines, acacias, tilleuls et châtaigniers.
Pour les semaines à venir : Avec une hausse complète de nourriture, je ne compte pas toucher à mes colonies pendant un bon mois (+/- 15 août). Ce sera alors le moment d’évaluer les réserves des colonies, retirer les grilles à reine et commencer le traitement contre le varroa. Certains préconisent de faire ce traitement plus tôt, juste après la récolte. Avec le traitement à base de thymol qui est un réel perturbateur olfactif, j’estime qu’après les avoir stressées en retirant une partie de leurs réserves, les abeilles ont droit à un répit de plusieurs semaines de tranquillité pour se mettre en mode hivernage et laisser la reine se reposer (moins de rentrées de miel, moins de ponte).