Compte-rendu de la conférence ‘La hausse à cadres «extractibles», une technique d’extraction du miel sans ouvrir la ruche’ par Antoun Fahmeh.
Ce samedi 28 janvier, notre collègue apiculteur Antoun Fahmeh nous a présenté en avant-première sa toute nouvelle invention: la hausse à cadres « extractibles ». Une découverte pour tous les apiculteurs présents !
Ces cadres de hausse « extractibles » sont construits avec des matériaux en pvc alimentaire; une feuille de cire gaufrée standard est glissée au centre du cadre et maintenue par les épaulements du cadre, sans devoir être fixée sur des fils. Par contre, 2 fils sont tendus de part et d’autre, à quelques millimètres de la feuille gaufrée: ils serviront à maintenir les alvéoles en place lors de la récolte du miel. Les cadres de hausse seront bâtis normalement par les abeilles.
La face arrière des cadres, en PVC, est percée de 2 fentes verticales qui permettent l’insertion, de chaque côté de la feuille de cire gaufrée d’un couteau désoperculateur muni d’un fil de coupe chauffé à basse tension (5v) qui va découper les alvéoles de cire de la feuille gaufrée (sans les abîmer) et libérer le miel.
Le miel libéré des cellules s’écoule alors vers une petite rigole d’évacuation sous chaque cadre de hausse puis vers une gouttière qui alimente un bec verseur sous lequel il suffit de placer le pot de miel. En effet, grâce à la gravité et au fait que les abeilles construisent leurs alvéoles en les inclinant vers la feuille centrale, le miel coule naturellement vers la rigole puis de la gouttière vers le pot.
Après la récolte de printemps, selon Antoun, les abeilles désoperculent les cellules vides, les réparent et les remplissent à nouveau.
Antoun vient d’ouvrir son site Internet https://ebenbee.com/ sur lequel vous pourrez revoir tous les détails de la ruche à cadres extractibles et de son utilisation. Vous y trouverez notamment de petites vidéos illustrant son utilisation.
Avis à tous les apiculteurs désireux de soutenir un projet innovant:
les précommandes sont possibles dès maintenant, par le formulaire de commande d’Ebenbee, pour livraison en avril prochain; vous y trouverez également toutes les informations sur les produits disponibles et leur prix.
Antoun appréciera tout particulièrement les avis et conseils des apiculteurs chevronnés pour perfectionner son prototype !
Note d’Oncle Max – 4/02/2023
Mercredi j’ai observé les bourgeons floraux des cornouillers mâles (cornus mas) déjà bien gonflés dont certains seraient prêts à éclore dans les jours prochains. Pour rappel, le cornus mas fleurit en principe après les crocus et les perce-neige. Certains en ont-ils déjà vu en fleurs ? Cela m’inquiète un peu car ce sont les quelques plantes pollinifères qui permettent aux colonies de vraiment démarrer l’élevage du couvain.
Mais, la météo n’est vraiment pas de la partie : pas ou peu d’ensoleillement, bruine, pluie et vent qui n’incitent pas les jeunes butineuses à sortir. Et ce d’autant plus qu’on nous annonce pour la semaine prochaine encore 5 ou 6 jours de gelées nocturnes, avec peut-être des minima qui descendront à -4°C. Ces gelées nocturnes risquent de mettre à mal ces premières floraisons printanières.
https://www.meteoblue.com/fr/meteo/semaine/wavre_belgique_2783941
Cette semaine nous avons eu 2 ou 3 jours avec quelques heures d’ensoleillement qui ont permis aux colonies de faire rapidement un petit vol de propreté et d’évacuer quelques cadavres d’anciennes butineuses.
Oui, je suis un peu inquiet pour les petites colonies où la reine s’est remise à pondre et dont le couvain risque de ne pas être bien protégé. Les colonies qui sont restées assez populeuses pourront maintenir le couvain assez chaud, mais les autres risquent d’avoir du mal à maintenir une chaleur suffisante, ce qui pourrait mettre en péril les jeunes larves. Les nymphes dans les cellules operculées pourraient être partiellement protégées. Pour cette raison, il est utile de rappeler qu’il est préférable d’hiverner des colonies fortes : elles auront beaucoup plus de chance de passer une fin d’hiver compliquée comme celle qui se vit pour le moment. Egalement, il est de notoriété que les abeilles noires sont plus sobres et plus résistantes à ce genre de situation que les Buckfast. Avec nos hybrides ici dans le Brabant wallon, tout dépend des tendances génétiques de chaque colonie. Certaines ont une majorité de demi-sœurs de type « noire », d’autres une majorité de type « Buckfast ».
A partir de ce début de février, je ne donnerai plus du simple candi aux colonies « de production » mais du candi protéiné (Nutripro+10%) afin d’aider ces colonies à bien se développer au printemps pour tenter, si la météo le permet, de faire une récolte de printemps avant l’arrivée probable des frelons asiatiques à partir de la mi-juin. Ceux-ci risquent de peser sur le travail des butineuses pour la récolte du miel d’été. Dès à présent, surtout si les attaques de frelons asiatiques se confirment, je compte faire une seconde (et dernière) récolte la seconde quinzaine de juin, avant le solstice d’été. Cela me permettra de me concentrer sur la lutte contre les frelons. NB : pour cette stratégie, il faut évidemment avoir une environnement propice aux floraisons printanières telles que saules, fruitiers, merisiers, érables, aubépines et acacias. Peut-être un début de floraison de tilleuls précoces.
J’en profite pour rappeler que ceux qui cherchent des arbres mellifères tardifs, il y a le Tilia Henryana (Tilleul de Henry) d’origine chinoise : la floraison donne des grappes de nombreuses petites fleurs blanc crème, parfumées, en fin d’été, en août-septembre. Remarquablement odorantes, elles font le bonheur des abeilles. Variété intéressante avec ces changements climatiques.
Pesticides : la Cour de justice de l’UE déclare les États membres ne peuvent pas déroger aux interdictions expresses de mise sur le marché et d’utilisation de semences traitées à l’aide de produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes.
Ce 19 janvier 2023, la Cour de justice de l’Union Européenne a publié un arrêt sur des questions posées par le Conseil d’Etat belge, suite à une plainte de Nature & Progrès Belgique, PAN Europe et un apiculteur belge.
La Cour a jugé que la disposition dérogatoire qui permet aux États membres d’autoriser la mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques qui contiennent des substances NON AUTORISEES (toute substance active est évaluée et doit remplir certaines conditions avant d’être autorisée et mise sur le marché pour un type de produit donné) dans des circonstances exceptionnelles, c.à.d. seulement lorsqu’un danger ou une menace compromettant la production végétale ou les écosystèmes ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables, ne leur permet pas de déroger aux réglementations de l’Union visant expressément à INTERDIRE la mise sur le marché et l’utilisation de semences traitées à l’aide ces produits qui présentent un risque grave pour la santé humaine et animale, et pour l’environnement.
La Belgique est un des pays qui a accordé généreusement ces dérogations en délivrant six autorisations d’utilisation de produits phytopharmaceutiques à base de clothianidine et de thiaméthoxame, deux insecticides du groupe des néonicotinoïdes, pour le traitement des semences de certaines cultures, y compris les betteraves sucrières, ainsi que pour la mise sur le marché de ces semences et leur ensemencement en plein air.
COJ-EUR-COMMUNIQUE DE PRESSE n12-23 (PDF)
PAN EUROPE: EU Court of Justice: no more derogations for the use of bee-toxic neonicotinoids