Frelons asiatiques à Gottechain & Piétrebais: suite et fin (du moins espérons-le !)
Dans nos nouvelles des 23 juillet et du 6 août, nous vous relations que des frelons asiatiques étaient présents en nombre à Gottechain et à Piétrebais.
Bonne nouvelles: ces nids ont été localisés et détruits !
Carole, Maximilien, Charles et Gaëtan ont été aidés dans leurs recherches par Tom Vrancken, un apiculteur très actif dans ce domaine: il habite Hamme-Mille et travaille dans une grande région de Louvain, Huldenberg, Overijse, Kortenberg, ainsi que Wavre.
Tom s’informe de la présence de frelons grâce à Vespawatch et aux déclarations faites par le public (notamment les apiculteurs) sur les sites officiels: en Wallonie celui du SPW, http://observatoire.biodiversite.wallonie.be/enquetes/frelon/ )
Tom a signalé qu’il avait trouvé un nid de frelons rue des Déportés, à Gottechain, à peine à une centaine de mètres des ruches de Carole et de Maximilien, et à une hauteur de 8-10 mètres dans un arbre.
C’est également Tom qui a découvert le nid de frelons à Piétrebais, près du rucher de Charles. Ce nid là était à 27 mètres de hauteur !
Pour localiser les nids de frelon: la méthode de Jersey
Tom a déjà découvert 18 nids cette saison !!
Pour localiser les nids, il applique la méthode dite ‘de Jersey’ (utilisée sur l’île de Jersey depuis 2019): il dispose des pots à appâts, capture des frelons, les marque avec une couleur puis les relâche en regardant la direction qu’ils prennent; il mesure le temps qu’il leur faut pour se rendre à leur nid puis revenir.
Calculer: 1 minute = 100 mètres. Répéter la mesure du temps au moins 5 fois et retenir le temps le plus court; déplacer le pot plusieurs fois vers un autre endroit et cartographier les distances et directions de vol.
NB: les frelons qui attrapent les abeilles devant les ruches ne fournissent pas d’informations fiables sur la localisation de leur nid; en effet, ils volent d’abord avec l’abeille vers un buisson ou un arbre pour la disséquer (la tête, les pattes, les ailes et l’abdomen sont mordus); cela peut prendre 5 minutes ou plus. Le frelon s’envole ensuite vers son nid avec le thorax. La direction et le temps de vol ne sont donc pas corrects. C’est pourquoi, il faut utiliser un appât sucré comme par exemple un mélange maison composé d’un tiers de vin blanc sec, d’un tiers de bière et d’un tiers de sucre/sirop.
A l’emplacement estimé du nid, Tom observe dans les arbres avec des jumelles pour voir les frelons voler aux alentours. Même en ayant localisé les nids, il était difficile de les retrouver dans la canopée en cette saison (surtout celui situé à 27m).
Pour en savoir + sur cette méthode de détection des nids de frelons asiatiques:
https://vespawatch.be/get-involved/ (en français; lire en particulier le titre ‘Mise en place d’un petit récipient avec produit attractant’)
Le projet Vespa-Watch (Surveillance de l’invasion des frelons asiatiques via des apiculteurs de loisirs et le public) est un projet initié par l’Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek (INBO) et la Honeybee Valley (UGent) dans le cadre de l’appel «Citizen Science».
https://vlaamsbijeninstituut.be/diensten/gezondheidsdienst-aziatische-hoornaar/ (VBI – in het nederlands)
Une recommandation importante de Tom et du VBI qui va à l’encontre des réactions spontanées: il ne faut pas attraper ou tuer les frelons, sinon on ne peut pas trouver le nid ! Les frelons volants montrent le chemin du nid.
Il est préférable de placer des pots d’appâts, de localiser le nid et de le détruire complètement plutôt que d’éliminer seulement quelques individus.
La neutralisation des nids
Pour la neutralisation des nids, notre collègue apiculteur Gaëtan (‘FG-API’) a été appelé en renfort: Gaëtan a choisi cette orientation comme activité professionnelle complémentaire et il a suivi la formation spéciale donnée par le CRA.WALLONIE
(Il est tout à fait déconseillé aux apiculteurs de tenter eux-mêmes de détruire un nid de frelons asiatiques, même s’ils sont équipés de leur combinaison d’apiculteur et que le nid est à bonne hauteur, en raison du danger que cela représente)
La neutralisation du nid de Gottechain ne présentait pas trop de difficultés si ce n’est de bien viser avec la perche, mais l’autre intervention à 27 m était nettement moins facile. Dès qu’il y a un peu de vent, le nid bouge mais l’extrémité de la perche – sorte d’immense canne à pêche pas 100% rigide – n’est pas facile à diriger. Il faut idéalement être 3 opérateurs: un qui tient la perche et qui vise, un autre prêt à ouvrir les robinets pour envoyer le produit et un troisième avec des jumelles pour guider le perchiste. Le mieux pour attaquer le nid est de se mettre le plus en-dessous de lui pour garder la perche la plus verticale possible. Ce n’est pas un exercice évident, au contraire, surtout quand le nid est quasi à la limite de la dimension de la perche (30m).
Gaëtan a fait le compte-rendu de ces 2 interventions sur son site web fg-api.be:
https://fg-api.be/interventions-frelons-asiatiques-du-06-08-2022/
Note d’Oncle Max – 13/08/2022
HIVERNAGE DES COLONIES : PENSONS-Y DÉJÀ
Après vous avoir bassiné les oreilles avec le contrôle des réserves de nourritures et d’eau, le traitement contre les varroas et la lutte contre les frelons asiatiques, j’aimerais vous partager les questionnements que nous avons à propos de l’hivernage des colonies avec ces changements climatiques.
Suite à un récent échange avec André Mercier et avec Carole sur nos récentes observations de nos colonies à Gottechain (et Doiceau), nous constatons depuis 2020 qu’après la récolte du tout début juillet et alors que nous entrons dans un trou de miellée conséquent, les colonies ne ralentissent pas fort leur développement. Dans un grand nombre de colonies, le couvain reste souvent abondant (c’est-à-dire que la reine poursuit sa ponte) au mois d’août. Il s’ensuit chez certains apiculteurs qui ont récolté tout le miel disponible (dans les hausses, bien sûr, mais pas dans le corps) un sérieux manque de réserves de nourriture à tel point que certaines colonies sont mortes de faim. La sécheresse et les périodes de canicules ne font qu’amplifier la situation.
Avec l’hivernage de colonies avec hausse, nous avons déjà laissé 2/3 ou 3/4 de hausse pleine de miel (voire une hausse complète chez moi cette année-ci) pour que les abeilles puissent estiver tranquillement jusqu’au nourrissement d’hiver.
Se posent deux questions :
- Comme la reine n’a pas vraiment ralenti sa ponte au mois d’août, faut-il vraiment réaliser une stimulation fin août pour assurer la production de jeunes abeilles d’hiver et éviter un blocage de ponte avec un nourrissement direct sans stimulation. Pour rappel, après une période de disette, si on nourrit directement la colonie, les abeilles vont se précipiter pour stocker le sirop partout où il y a de la place, même dans la zone de couvain, et vont provoquer un blocage de ponte. Dès lors, on pourrait seulement faire un nourrissement progressif avec ½ litre pendant 2 jours, puis un litre pendant 2 jours et ensuite 2 litres à la fois dans les réservoir CS.
- Si la colonie est toujours très populeuse au mois d’août et que tous les cadres du corps sont occupés par du couvain et des réserves de pollen/miel (en rive), est-il judicieux de réduire la colonie sur 8 cadres (corps et hausse) comme nous le faisions jusqu’à présent ? Avec les hivers plus doux, pourquoi ne pas prendre le risque d’hiverner sur 9 ou 10 cadres (corps et hausse ) les colonies les plus fortes et populeuses ?
Nous pensons qu’il ne faut pas être trop dogmatique mais s’adapter au mieux à chaque situation de colonie pour que les abeilles se sentent bien pour l’hivernage. Il faudra peut-être adapter sa conduite pas de manière unilatérale à toutes ses colonies mais de manière personnalisée en fonction de chaque colonie.
Personnellement, je n’ai pas encore pris de position ou fais un choix…. J’attends de suivre l’évolution des colonies ces deux prochaines semaines…. Et je consulte l’un et l’autre qui partagent les mêmes réflexions.