Note d’Oncle Max – 18/6/2022
Nous ne sommes plus qu’à trois jours du solstice d’été, moment à partir duquel la nature va passer en mode « régression » selon l’expression d’Hubert Guerriat (cfr son guide Etre performant en apiculture). Nous avons eu quelques belles journées ensoleillées et chaudes (et cela va continuer jusqu’à dimanche) avec les tilleuls en principe en fleurs.
Sur les 4 balances sous les ruches de Gottechain, je ne vois pas de miellées significatives; elles ont pris seulement en moyenne 600gr en 3 jours. Plusieurs observateurs m’ont dit ne pas avoir entendu de bourdonnements dans leurs tilleuls et j’ai observé les abeilles préférant le trèfle. Curieuse situation. Tout dépend des réserves hydriques du sol où se trouvent les tilleuls. Si certains ont des observations particulières, elles sont les bienvenues.
Par contre, les trèfles se sont développés beaucoup plus tôt que d’habitude et j’y observe de nombreuses butineuses. Ici, à Gottechain, le trèfle se développe surtout en période de sécheresse (d’habitude fin juillet/début août) dans les prairies. En zone agricole, sur la bande de sarrasin-phacélie-tournesol, je vois déjà les sarrasins en fleurs, ce qui est aussi exceptionnellement précoce car l’an dernier ils ont fleuri à partir de mi-juillet, ce qui était très intéressant pour les abeilles après la floraison des châtaigniers. Dès lors qu’auront nos abeilles pour juillet et août, si ce n’est les petites fleurs sauvages et celles des jardins ?
Que faut-il faire avec la dernière récolte en cette fin de mois de juin pour ne pas fragiliser nos colonies ? Elles doivent avoir suffisamment de réserves pour passer le cap estival de juillet-août. Rien qu’avec un complément de sirop ou en leur laissant une partie de leur miel dans une hausse ? A chacun d’évaluer la situation dans son rucher et de décider à bon escient; un environnement n’est pas l’autre.
Je pense qu’au bilan de cette année, nous observerons une grande disparité entre les ruchers, tant au niveau du développement des colonies qu’au niveau des productions de miel de printemps et d’été. Les changements climatiques semblent accentuer ces disparités entre les implantations de ruchers, soit par l’environnement de plantes (arbres et arbustes surtout) mellifères, soit par la structure des sols qui permettent ou non de bonnes réserves hydriques pour celles-ci.
Avec la canicule de cette fin de semaine (et pour les suivantes !), pour les ruchers non couverts et en particulier pour ceux qui ont des ruches avec une simple tôle comme toit, il serait prudent de veiller à ce qu’il y ait une bonne isolation sur le couvre-cadres et peut-être envisager une protection temporaire supplémentaire sur les toits de ces ruches. En effet, l’exposition en plein soleil risque de faire monter la température interne de la ruche au-delà du supportable pour les abeilles. Ne vous étonnez donc pas de voir ces jours-ci vos colonies « faire la barbe » au trou de vol. Vérifiez également vos abreuvoirs.
Dans les médias, on met trop souvent l’accent sur la disparition des abeilles alors qu’il faudrait surtout parler de disparition ou de manque des ressources alimentaires, c’est à dire une quantité et une diversité de plantes mellifères (biodiversité). S’il y a de meilleures ressources alimentaires (en quantité, qualité et non polluées) pour les abeilles et pour tous les autres insectes pollinisateurs, automatiquement les colonies d’abeilles se développeront mieux et se multiplieront davantage. Rajouter des colonies d’abeilles dans un environnement pauvre ou limité en plantes mellifères n’a pas beaucoup de sens. C’est l’environnement qu’il faut améliorer en priorité; que ce soit en milieu urbain/villageois, péri-urbain, agricole ou forestier.